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BernardInvité
Résumé des interventions lors de la séance du 11 janvier 2025 (animée par Alexandre) :
Ce sujet a été suggéré en référence à un article du New York Times, où un journaliste décrit une expérience où des participants, laissés seuls pendant 15 minutes sans rien à faire, préfèrent s’infliger des décharges électriques plutôt que de rester dans cet état d’inactivité. Cette observation soulève la question de savoir si l’homme est fait pour s’ennuyer.
L’ennui est décrit comme un état émotionnel négatif, souvent associé à l’inactivité, mais il peut aussi survenir au cours d’une activité monotone, ou bien encore qui ne présente pas d’intérêt pour lui.
La société contemporaine, qui valorise la productivité et l’activité constante, nous stimule en permanence (référence à l’économie de l’attention), nous laissant peu de place pour nous ennuyer. Elle tend ainsi à réduire notre tolérance à l’ennui, en en faisant un état difficile à supporter.
Certains décrivent l’ennui, non pas seulement comme un état d’inactivité, mais plutôt comme un signal d’insatisfaction, de désagrément, de lassitude, consécutif à cette inactivité. Signal qui nous pousse à l’action ou à rechercher une stimulation.
A l’inverse on peut voir dans cet état d’insatisfaction lié à l’inactivité et à la solitude, une opportunité pour la réflexion, pour le retour sur soi, pour la pensée. Ainsi on peut dire que l’ennui est nécessaire au développement de l’homme et peut même être vu comme « le propre de l’homme »Pour aller plus loin :
Définition de « ennui » dans le Dictionnaire de philosophie de Christian Godin :
Dans le sens psychologique moderne, introduit par les romantiques, état existentiel caractérisé par le manque d’action et de projets, un léger dégoût de soi, mais qui peut être valorisé comme expérience de la liberté et du temps pur.
A l’entrée « ennui » du dictionnaire philosophique de André Comte-Sponville :
« le temps, c’est ce qui passe quand rien ne se passe. » cette formule, dont j’ignore l’auteur, dit la vérité de l’ennui : c’est une expérience du temps, mais réduit absurdement à lui-même, comme s’il était quelque chose en dehors de ce qui dure et change. On s’ennuie quand le temps semble vide : parce que rien n’arrive, parce qu’on a rien à faire, ou parce qu’on échoue à s’y intéresser. Souvent c’est parce qu’on attend un avenir qui ne vient pas, ou qui vient trop lentement pour notre goût, bref qui nous empêche de désirer le présent : on s’ennuie quand on est séparé du bonheur par son attente, sans pouvoir agir pour accélérer sa venue. Mais on s’ennuie aussi, bien souvent, quand on n’attend plus rien, quand on est plus séparé du bonheur par aucun manque, sans pouvoir pour autant être heureux. C’est l’ennui selon Schopenhauer : l’absence du bonheur au lieu même de sa présence attendue. On y échappe que par la souffrance, comme on échappe à la souffrance que par l’ennui. …
L’ennui a pourtant son utilité, qui est de désillusion. Quelqu’un qui ne s’ennuierait jamais, que saurait il de soi et de sa vie ?- Ce sujet a été modifié le il y a 1 jour et 22 heures par admin5105.
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