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Sujet de la discussion du samedi 18 mars 2023 : « L’amour est-il compatible avec la lucidité ? »
Quelques idées émises :
L’amour peut d’abord être vu comme un élan naturel vers une relation qui peut ensuite être prolongé grâce à la lucidité.
L’amour est ainsi, au départ du moins, de l’ordre de la passion. Puis, par la lucidité qui est en nous, nous pouvons ensuite passer à un autre niveau, supérieur, plus spirituel. L’amour devient alors une décision, un choix. La lucidité peut alors être vu comme la conscience des limites de la passion. L’absence de lucidité pour sortir de l’amour passion initial, et accéder à ce niveau supérieur peut d’ailleurs conduire à des problèmes pathologiques.
Cette passion de départ, que nous devrions alors peut être appeler « amour instinct », est expliquée par les neurobiologistes par l’action d’hormones qui provoquent l’attirance pour l’autre, mais pour un certain temps seulement (3 ans disent-ils). Que faire alors pour sortir de ce piège de la nature ? C’est par la raison, donc la lucidité, que l’on peut maintenir l’amour, et ceci par un apprentissage de l’altérité. Mais cet apprentissage de l’altérité ne doit-il pas être en même temps désaliénation par rapport à l’autre ? Le véritable amour ne doit-il pas nous guérir du besoin de « se retrouver » dans l’autre.
Une autre interprétation de ces deux phases de l’amour est de considérer que l’attirance amoureuse est d’abord une rencontre de deux inconscients. Puis dans un second temps, le chemin vers l’amour passe par la conscience, et la découverte (ou non) d’une résonnance entre ces deux individus qui se sont rencontrés, plus que par la raison à proprement parlé.
Pour d’autres, au contraire, la lucidité est nécessaire à l’amour véritable.
Ainsi, à l’inverse de cet amour passion, amour parfait que met en avant le romantisme du 18e siècle, la lucidité est nécessaire à l’amour, à un amour sain et durable. Mais il est ainsi nécessaire pour cela que chacun se connaisse lui-même : la lucidité dans la relation amoureuse passe par la lucidité sur soi-même, nécessaire à la lucidité sur la relation elle-même, qui passe par le repérage des différences, des points forts et des points faibles, et qui permet ainsi de décider si l’on peut s’engager.
On peut remarquer aussi que, s’il faut de la lucidité pour construire une relation amoureuse, il en faut également pour savoir mettre fin à une relation qui s’avérerait néfaste pour les deux partenaires.
Ainsi, plus généralement, c’est dans l’équilibre entre l’attachement et le détachement que doit se construire une relation. C’est même dans l’ambivalence du mot attachement (qui va du lien affectif à l’emprise !) que se joue cet équilibre.
De même cette nécessité de la lucidité, se retrouve dans l’idée que, aimer l’autre c’est vouloir son bonheur, et pour vouloir il faut savoir (c’est à dire être lucide).
Mais la lucidité ne doit-elle pas consister d’abord a essayer d’être en phase avec soi-même et aider l’autre a être en phase avec lui-même. Être heureux d’abord, pour pouvoir partager son bonheur avec l’autre.
Ainsi, à l’inverse du mythe de l’androgyne (dans Le Banquet de Platon) qui prétend que chacun est à la recherche de sa moitié (dont il a été séparé par Zeus pour le punir de vouloir être l’égal des dieux), chacun, chaque individu, doit s’accepter comme un être complet, et par conséquent doit accepter l’autre comme un être complet également.
Ainsi on peut dire qu’être lucide sur soi-même, être en phase avec soi-même, n’est pas incompatible avec la construction d’une relation stable.
L’amour est un état, compatible avec la lucidité qui passe d’abord par l’écoute de l’autre.
Peut-être dans notre discussion n’avons-nous pas suffisamment distingué l’amour socialisé (par le mariage ou tout autre forme de reconnaissance sociale et/ou juridique d’une vie commune) de l’amour comme passion ou sentiment.
Cette distinction commence d’ailleurs par celle de l’amour et de la relation. L’amour étant une qualité que chacun a en soi, qualité qui nous attire vers l’autre, vers ce qui est autre, et qui permet de construire une relation, d’amitié, de reconnaissance, de complicité, d’intimité et donc de vie commune !
Et comme il a été dit également, cette relation une fois établie, il est nécessaire d’être lucide sur sa solidité et de l’entretenir pour cela.
N’hésitez pas à réagir à cette tentative de rendre compte de notre discussion, pour la compléter ou la corriger.Bernard
Merci beaucoup. C’est très intéressant de vivre à nouveau les échanges en lisant ton compte rendu et en découvrant tes idées nouvelles. Béatrice.
